Par Fatiha Bendahmane dans La Marmaille Nue, Mano Solo, le 26 Novembre 2012.
En juillet 1995, j’ai créé La Marmaille Nue, société de production de Mano Solo. Je gérais la société, prenant en charge la partie administrative de l'activité générée par Mano, ses albums, ses clips, ses livres, ses films d'animation, ses tournées, les productions dans la France entière, ainsi que tout ce qui concernait les produits dérivés, et me transformant, à la carte, selon les besoins du moment, en directrice de production de concert, comptable, gestionnaire, secrétaire, directrice artistique, booker de concert, tour manager, maquilleuse, assistante décoration pour les Zopino, etc.
Par Fatiha Bendahmane dans La Marmaille Nue, Mano Solo, SAUVAGETTE, le 26 Novembre 2012.
La première fois que j’ai rencontré Mano Solo, c’était en 1983. J’avais une vingtaine d’années et j'étais maquilleuse. je travaillais essentiellement pour les magazines et les défilés de mode, la publicité.
Ce jour-là, j'avais un rendez-vous professionnel rue Gérando, dans le 9ème arrondissement de Paris. Sur le chemin, j’ai décidé de rendre visite à un copain peintre, membre à l’époque du groupe de Street painting Les Puissances Populaires, qui se trouvait habiter cette même rue.
Mon coup de sonnette a déclenché une avalanche de protestations. J’ai entendu un gars crier d’un ton très désagréable qu’il voulait qu’on lui fiche la paix, qu’il avait envie qu’on le laisse dormir tranquille, avant de se lever en râlant. Mon ami était absent, et Mano, car c’est lui dont il s’agissait, s’est radouci en entendant une voix féminine, m’invitant à repasser plus tard.
Lorsque je suis revenue, après mon rendez-vous, j’ai trouvé un charmant jeune homme de 21 ans qui avait acheté des croissants et préparé du thé.
C’est ainsi qu’a démarré notre amitié.
A ce début peu conventionnel a succédé une série d’aventures : le voyage sur la péniche que Mano avait achetée à Toulouse, qu’il fallait remonter à Paris, en compagnie du peintre Fred Kleinberg, le canal du midi, Vésoul, Châtou, avec le capitaine qui dessinait, grattait sa guitare et écrivait des chansons: « Allo Paris », « Canal du midi », «Chacun sa peine » … les hivers passés dans mon appartement du 9ème, surnommé par Mano : La résidence Barbès pour hommes en détresse, qu’il ralliait dès les premiers gels, savourant son confort. Il s’installait dans une chambre où il écrivait et composait la nuit : « Sacré Cœur », « Barbès Clichy » ....
Et puis il y a eu les expositions collectives, les premiers concerts, le bar Le Clip, place Clichy, le théâtre du Tourtour ; quel que soit le lieu et le nombre de personne présentes, Mano chantait, comme il chantait sur la butte Montmartre, pour les touristes, devant le Sacré Cœur. Jusqu’à ce jour de 1993 où Mano a signé avec East West France, label de Warner Music, a enregistré son premier album à Londres, et m’a proposé officiellement de devenir son manager. J’avais envie de changer de métier, de faire partie de cette nouvelle aventure, et c’était la suite logique des dix ans que je venais de passer à accompagner Mano en dilettante. J'ai fait une formation de manager et j’ai immédiatement commencé à travailler.
Par Fatiha Fatiha Bendahamne dans sauvagette, le 26 Novembre 2012.
Vivre près des artistes, assister à la création d’une œuvre d’art, puis participer à sa transmission, a toujours été l'inspiration de ma vie.
Ce désir me vient de mon enfance à Louveciennes, il est né dans la forêt et dans les vergers qui fleurissaient à chaque printemps. Il est né en regardant les arbres danser dans le vent.. Et il renait à chaque instant; de la mer qui roule et déroule ses trésors, toujours en mouvement et toujours semblable, de la lumière, des cosmos graciles, des pavots, des champs de coquelicots, des chevaux et des vagues.
L'esprit créatif de l'être humain provient-il de là ? Du regard qu’il porte sur un champ de colza en fleur apparu au détour d’un chemin, d'une route en ligne droite ou en colimaçon ? De la vie apparaissant soudain comme une toile de gaité, tissée de couleurs vives ?
Travail de la matière…
Un grand savoir-faire, une générosité sans pareil; générosité du geste, de la pensée et de l’action.
Toucher un bel ouvrage, c’est toucher au mystère de l’humain, l’humain qui possède ce talent de créer, de fabriquer de la beauté ; un beau tissage, une belle broderie, un beau bijou… Et ce même désir décliné sous toutes ses formes à chaque coin de la planète.